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Le Tabouanant Magaⵣine

Le Tabouanant Magaⵣine

Le journal de ceux et celles qui n'ont pas oublié d'où ils viennent


Amenzu N Tefsut / En Kabylie, le printemps dans la joie

Publié par Karim Kherbouche sur 5 Mars 2009, 11:01am

Catégories : #Actualité

Plusieurs localités de Kabylie célèbrent Amenzu N’Tefsut (Le premier jour du printemps), une fête traditionnelles plusieurs fois millénaires.

La belle saison qui, selon le calendrier grégorien commence le 28 février, est tant appréciée en Kabylie qu’on la personnifie dans l’expression toute faite « mmager tafsut » qui signifie « aller à la rencontre du printemps ». Cela va de soi quand on sait que la saison hivernale a souvent été rigoureuse en Kabylie, ce qui rend les conditions de vie difficiles dans cette région montagneuse. Le début du printemps se présente alors comme une sorte de délivrance.

 

La nature en fête !

Au début du printemps, le temps se radoucit, les plantes bourgeonnent et fleurissent, les animaux hibernants se réveillent, les oiseaux migrateurs retournent d’où ils viennent. C’est la saison qui « fait la pluie et le beau temps ». L’eau produit par la fonte des neiges alimentent les petits ruisseaux qui, à leur retour, font les grandes rivières.

L’éclatante blancheur de la neige s’éclipse peu à peu pour être remplacée par la blancheur des abondantes fleurs d’amandiers. La nature se réveille. Les pluies fréquentes et le soleil font revivre les arbres dépouillés de leurs feuilles au cours de l’automne. La sève descendue dans le tronc des arbres remonte et les bourgeons, fermés durant tout l'hiver, s'ouvrent et de nouvelles feuilles d'un vert tendre font leur apparition, grandissent et s'élargissent jusqu'à atteindre leur taille normale selon l'espèce.

Les paysages sont recouverts d’arbres d’oliviers, de pins, de châtaigniers et d’un tapis de verdure parsemé de fleurs sauvages de toutes les couleurs (jaune, blanc, rouge…). Il est important de signaler également le retour en grand nombre, ces dernières années, des papillons. Le printemps n’aurait vraiment pas de sens sans ces magnifiques fleurs volantes de  diverses formes et couleurs. A cela s’ajoute les chants d’oiseaux en parade, les diverses odeurs suaves que la nature libère, etc.   

Les nuits sont glaciales à cause du verglas mais les journées sont de plus en plus chaude, comme l’illustre bien cet adage : « Itij n meghres yessebrak ighes » (Traduction littérale : Le soleil de mars noircit même les os).

 

Le repas, symbolique de l’abondance

Le jour de la fête du premier jour du printemps, au petit matin, les femmes préparent le repas traditionnel de la circonstance. On l’appelle « tchiwtchiw », « ameqful » ou encore « aderyis », c’est selon les localités ; c’est un plat dépuratif et revigorant constitué de couscous et de légumes cuits à la vapeur, le tout mélangé après cuisson. En général, on préfère cueillir ces légumes dans la nature, donnant ainsi à ce mets une saveur qui rappelle bien cette fête. Ce repas est également agrémenté de viande séchée, d’œufs cuits à l’eau, ainsi que de graines de fèves, de maïs, de blé et d’autres céréales cuits également à l’eau. Ces derniers, notamment le blé, symbolise l’abondance. Ce plat est servi au cours de la promenade en forêt, on le mange en famille.

 

C’est aussi la fête des enfants

La fête du printemps bien qu’elle soit traditionnellement celle des femmes, elle profite aussi et surtout aux enfants. « Quand nous étions enfants, Amenzu N’Tefsut était l’une des plus importantes fêtes traditionnelles pour nous. La joie que nous ressentions ce jour-là est plus intense que celles des autres cérémonies, telles que Yennayer et Anzar. Les friandises que nos parents nous offraient à cette occasion avaient une saveur unique en son genre. Au cours de la traditionnelle promenade, nous nous roulions dans l’herbe à la gloire des divinités de la nature, nous nous livrions à toutes sortes de jeux, nous dansions, etc. c’était exceptionnel. Nous nous préparions plusieurs jours à l’avance pour cette cérémonie », raconte une vieille dame des Ath Abbes.

En effet, les enfants accordent une importance capitale à cette fête. A cette occasion, ils mettent leurs beaux habits et sortent à la rencontre du printemps avec en main des petites corbeilles en roseau, en osier ou tout simplement en plastique, pleines de bonbons de formes et goûts variés.

   

Pique-nique et visite au mausolée 

En principe, le premier jour du printemps est fêté en Kabylie le 01 mars mais si cette date coïncide avec un jour de semaine, on préfère le reporter au week end suivant afin de permettre à tout le monde d’y assister.

C’est généralement aux environs de midi que la célébration commence. C’est alors que plusieurs processions de femmes de tous âges sortent dans toute la région en compagnie des enfants et des jeunes gens. L’humeur joyeuse est perceptible sur tous les visages. La balade commence, les femmes  chantent des airs anciens en louange à la belle saison en tapant sur le “bendir” (tambour) et en battant des mains.

Les défilés de femmes et d’enfants serpentent à travers les sentiers sinueux traversant les champs verdoyants menant vers les lieux et mausolées traditionnellement visités à l’occasion. De loin s’offre une vue fantastique. Le soleil darde ses rayons, réchauffant le bois humide, les fleurs chamarrées, les lauriers-roses, les pins, les ronces, les romarins et les lavandes, d’où se libère un cocktail de capiteux parfums. Les chants, les youyous et les cris de joie se mêlent au murmure des chants d’oiseaux et au gazouillement des eaux coulant dans les rivières.

Les villageois s’arrêtent aux mausolées pour implorer les Saints vénérés afin que toute l’année soit belle comme le printemps. Les randonneurs, équipés de caméscopes et autres appareils photos, immortalisent l’événement.

Au cours de ce périple voluptueusement épuisante, on se rassemble pour savourer un repas en famille sur l’herbe.

A la fin de la journée, de retour, on emprunte les venelles du village en chantant et la procession se sépare dans la joie, dans l’espoir de rencontrer d’autres printemps, aussi splendides que celui-ci, on prie pour des journées de réjouissances et de retrouvailles.

 

La Saint Valentin kabyle

Le printemps est souvent associé à la « saison des amours » et à la jeunesse. Comme si, un jour, il y a fort longtemps, à l’orée de la saison printanière, le soleil déclarait sa flamme à la terre. En réponse, celle-ci a revêtu son manteau fleuri. Aussi, la vie et les sens se réveillent-ils chez les humains. Ce n’est sans doute pas un hasard qu’il n’y a que quelques jours qui séparent les fêtes de la Saint Valentin  et Amenzu n Tefsut. Ils ont en commun deux choses : le printemps et son corollaire l’amour. 

Autrefois, cette fête est célébrée en l’absence des hommes, c’était une opportunité pour les mamans de dénicher l’épouse idéale à leur fils. Plus tard, on ne se gêne pas pour accompagner les femmes lors de la balade. C’était alors une aubaine pour les jeunes filles célibataires de sortir pour être aperçues et trouver le prince charmant. Aujourd’hui encore, Amenzu N’Tefsut continue d’être une aubaine pour les jeunes célibataires. Tous les moyens sont bons pour séduire. Pour cause, la veille de cette fête, les salons de coiffure de la région sont submergés par les jeunes filles et garçons et les magasins de vêtements féminins enregistrent d’importantes ventes comme à l’occasion de chaque fête. Pour ceux qui étaient déjà en couple, c’est tout simplement l’occasion de se (re)dire je t’aime et de s’offrir des présents afin de réitérer l’expression des sentiments que l’on éprouve pour l’être aimé.

Par Karim KHERBOUCHE

Magazine bimensuel LNC N° 414 du 02 au 16 mars 2009 

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M
bon travail
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T
azul a tous.  voila un autre petit péome pour amnzou tefsut de   notre vilage .  abrid mi t idbugh bdante taghratin zigh d amnzu  narbiaa ad feghent sukhrineassan techebhed amzun ttislitsefir gemas tefred tezgar assiful iw yaalulqed m ittyezra yzga d irifadi chetkhi ulahed meskin yessikhfif..... merci karime pour cette magnifique  petit éspace et la chanse qui tu n'as donner  pour experimer notre sentiment vére tabouanant( mon vilge qui j'adors
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O
C'est beau tout ça oualah! J'ai adoré. La beauté naturelle des choises
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K
j'attends avec impatience les photos N' Tefsut à tabouanant
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