On regrette aujourd’hui que nous n’ayons pas écrit la vie et la pensée des anciens de Tabouanant. Hélas, à chaque fois qu’un vieux nous quitte à jamais, c’est comme une bibliothèque qui brûle.
Parmi ces grands penseurs que notre village a connu, on peut citer Lla Khadoudja N’Salah paix à son âme. L’une des expressions qu’on lui attribue et que j’apprécie personnellement c’est « Yella wamek umbesseh’ ulamek » que j’ose traduire comme suit : c’est trop compliqué pour être résolu bien que tout soit clair comme de l’eau de roche ! N’est-ce pas là le doute philosophique exprimée dans toute sa splendeur ?
J‘adore aussi cette histoire :
- Jadis, la maison où Lla Khadoudja habitait est située à côté de la rue et elle n’avait de mur de clôture, ce qui l’exposait alors aux passants qui ne pouvaient pas s’empêcher de la saluer à chaque fois. Son fils, Ali, qui travaillait à Alger, lui a promis de lui envoyer de l’argent pour construire ledit mur mais il avait tardé à le faire. Un jour, un villageois qui travaillait aussi à Alger a dit à Lla Khadoudja :
- Demain, je partirai à Alger, alors si vous avez un message pour votre fils, je suis prêt à le lui transmettre.
- Dis-lui tout simplement que j’en ai assez des « Salam Ouâlikoum » !
Quand son fils a eu ce message, il l’a illico presto décodé ! Il a compris qu’il devait lui envoyer en urgence l’argent promis pour construire ce mur et l’épargner ainsi des incessants Salam Ouâlikoum des passants !
Karim
N-B. : Si vous connaissez une histoire comme celle-ci ou une expression qu’on attribue à Lla Khadoudja, n’hésitez pas à l’ajouter comme commentaire. Je sais que cette grande dame a laissé un héritage littéraire oral immense et elle mérite tout un ouvrage à elle seule ! Outre le devoir de mémoire, l’objectif de ce modeste article est de sauver de l’oubli le peu que l’on peut sauver de sa riche et prolifique œuvre. Alors, à vos claviers !