Souad Kherbouche : « Comment peut-on ne pas être artiste quand on est né à Tabouanant !? » - Tabouanant

A Tabouanant, on a une artiste dessinatrice talentueuse. C’est Souad Kherbouche. Très peu le savent. C’est sur facebook que j’ai découvert ses dessins – des caricatures notamment. J’ai été agréablement surpris par sa maîtrise du dessin et son expressivité. Cette jeune femme a des choses à dire à la société. Au monde entier ! Elle a accepté avec toute la gentillesse que nous lui connaissons de nous accorder cette interview qui a toute sa place sur le blog de notre village.    

Tu es née à Tabouanant mais tu n’y a pas vécu toute ton enfance. Et puis même durant ta jeunesse, ta famille a résidé un peu partout en Algérie. Mais le village reste votre port d’attache. Raconte-nous un peu comment tu as vécu cette relation avec ton village.

Tout à fait, je suis née à Tabouanant, un village ancestral juché sur les montagnes de Kabylie, là où j’ai reçu ma première bouffée d’oxygène et depuis je ne cesse d’humer l’odeur de cette terre bénite, on m’a coupé la corde ombilicale mais il y avait la corde de la vie qui s’est germée et a servi de lien éternel avec mon beau village, un lien d’identité, d’histoire, d’appartenance et d’amour infaillible pour mon village patrie.

Certes j’ai pas vécu mon enfance et ma jeunesse mais on s’est jamais déraciné on retourne souvent pour puiser la sagesse de nos grands parents, la joie des retrouvailles avec nos cousins, nos voisins, nos amis, l’ambiance et l’hospitalité est une marque déposée des habitants, la gaieté, l’humour et les éclats de rire retentissent un peu partout soulagent nos esprits en décadence, on oublie nos soucis entassées à cause des aléas de la vie, ébloui par sa beauté même son silence et son calme nous parle et apaise nos  âmes. Comment peut-on ne pas être artiste, écrivain ou peintre quand on est bercé par une telle nature ?

Tu as commencé à faire du dessin depuis quand et comment cela est venu dans ta vie ?

Mon histoire d’amour avec le dessin a commencé trop tôt dès mon jeune  âge, depuis que j’ai acquis l’usage du crayon. Je me souviens que ma professeur en  1ère année primaire en voyant mes petits dessins me demandait souvent de recopier ceux du livre de lecture et elle les montrait à mes camarades et à d’autres profs en me submergeait d’éloges en guise d’encouragement et ça a grandi avec moi toute ma vie jusqu’à ce  jours.

C’est une façon de m’exprimer, une façon d’atténuer mes chagrins, une façon de dire tout haut ce que les gens pensent tout bas

Je n’ai découvert tes dessins que sur Internet. Pourquoi tu nous as longtemps caché ce talent d’artiste à nous qui te connaissons depuis longtemps ?

(rire) Je n’ai pas caché mon talent du moment que mon entourage connait bien ma passion pour le dessin et la poésie, juste que ça était de bouche à oreille sans trop d’envergure.

Avec l’avènement des réseaux sociaux qui sont un moyen pertinent de se faire remarquer et être connu d’un plus grand nombre de personnes en temps réel, un espace où l’information circule plus vite en sillonnant le monde présent en masse sur le web, et ça été l’occasion de partager mes œuvres et d’être un petit peu connu du grand public

Sur les réseaux sociaux, tu publies des caricatures, des dessins de toutes sortes, des poèmes… Pourquoi est-ce que tu préfères t’exprimer de cette façon-là et quelle différence y a-t-il pour toi entre écrire et dessiner ?

Je ne pense pas qu’il y ait une différence entre écrire et dessiner du moment qu’en écrivant un beau poème il y a certainement un beau tableau qui se dessine dans notre imagination, quand on dessine ou on écrit c’est le témoignage de notre âme qui s’immortalise sur un bout de papier servant de témoin de nos joies, nos tristesses, notre bonheur,….donc pour moi dessiner c’est juste résumer toutes les phrases cumulées  au fin fond de nous-même.

La mélancolie et l’autodérision sont fortement présentes dans tes œuvres, pourquoi ce choix ?

Tout à fait je suis très sensible aux âmes en souffrance, aux injustices, à l’oppression et aux misères humaines en général, devant l’indifférence de certaines personnes, j’essaye de remuer leur consciences inconscientes, j’essaye d’être solidaire avec cette tranche de société de laquelle je fais partie du moment qu’on a tous notre démon particulier qui nous chevauche et nous tourmente l’esprit.

Quel est ton ou tes artistes préférés et quel en est celui qui exerce une influence sur toi ?

Du moment que vous avez constaté ma mélancolie dans mes œuvres, je suppose que j’aurai de préférence aux artistes et peintres qui expriment le même état d’esprit tel que Edvard Munch (peintre Norvégien), Van Gogh, ainsi que Isiakham et Baya, en outre j’aime bien la peinture surréaliste et les dessins énigmatique car on permet a celui qui apprécie l’œuvre d’avoir la liberté de surfer dans sa propre imagination par rapport à son état d’esprit car tout est relatif et rien n’est absolu.

Pour la caricature c’est mon coté humour où je décris des situations compliquées d’une façon satirique et mon caricaturiste préféré incontestablement Dilem.

Tu envisages de produire un album de dessins, de BD, … ?

Franchement j’avais pas l’idée de faire un album pour mes œuvres puisque c’était limité juste à mon entourage et je n’avais pas l’ambition de faire un nom à travers mes dessins, mais après avoir commencé à les publier j’étais surprise et épatée par la bonne et belle réaction des gens qui ont apprécié et qui sont intéressés par ce que je fais, ce qui m’a poussé à penser de consacrer un album pour mes dessins que je partagerai avec tout ce beau monde car le plaisir est dans le partage.

Je te laisse terminer cette interview.

Pour terminer je tiens à te remercier infiniment Karim pour cette interview que tu as consacré pour moi, je suis très contente d’être votre hôte dans cet espace de culture, d’expression, d’échange et de partage, vous m’avez donné une illustre occasion de faire connaître d’avantage mes œuvres qui ont encore besoin d’être forgées et perfectionnées. Étant artiste en herbe, je souhaite devenir un joli arbre dans le jardin de l’art et de la culture arrosé par vos encouragements et votre amour.

Je saisis l’occasion pour remercier tous ceux qui m’aiment et aiment ce que je fais, tous mes amis/amies, ma famille qui m’ont tout le temps soutenue et je salue tous les habitants de mon beau village Tabouanant. Je vous remercie encore une fois Karim

C’est moi qui te remercie Souad !

Interview réalisée par Karim Xerbuc

EXPOSITION DE DESSINS DE SOUAD KHERBOUCHE: